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Photo du rédacteurÉmile Ackermann

Droits et devoirs de l’homme envers l’animal : fiche de sources

Dernière mise à jour : 11 févr. 2021

Pistes de réflexion:


Qu’est-ce qui sépare l’homme de l’animal ?

L’animal est-il un sujet au même titre que l’homme ? Suis-je responsable de lui ? Si je ne le suis pas, qui le sera ? Quelle est la place de l’homme dans la création ?

Peut-on soutenir la théorie antispéciste par les textes de notre tradition ?En d’autres termes, peut-on affirmer que l’homme est l’égal de l’animal ? Qu’il est un sujet responsable au même sens que l’homme ?


Présentation de la théorie antispéciste : Peter Singer, La Libération animale, p. 73-76

Peter Singer est un philosophe australien né en 1946. Il est notamment connu pour ses textes sur l’éthique animale à travers lesquels il remet en question le droit de l’espèce humaine à disposer des autres espèces animales qu’elle a jusqu’alors conçues comme inférieures. Ce droit dont Singer souligne l’injustice et l’iniquité se fonde sur un présupposé tenace : le spécisme.


Notre texte commence à « Jérémie Bentham fut de ce petit nombre ». Il y est question des rares visionnaires qui remirent en question la domination de l’espèce humaine sur les autres espèces qui peuplent la nature.






Ecclesiaste 3: 18-20: une confirmation de la théorie antispéciste ?





La compassion commence avec l’animal

Isaac Bashevis Singer (1904-1991), écrivain Juif polonais émigré aux États-Unis, rédigea de nombreuses nouvelles sur la souffrance animale. Il qualifiait les abattoirs d’ « éternel Treblinka » et devint végétarien après la Shoah.

Tout ce verbiage sur la dignité, la compassion, la culture ou la morale semble ridicule lorsqu’il sort de la bouche même de ceux qui tuent des créatures innocentes, pourchassent des renards que leurs chiens ont épuisés, ou même encouragent l’existence des combats de taureaux et des abattoirs. Toutes ces explications, selon lesquelles la nature est cruelle et donc nous sommes en droit d’être cruels, sont hypocrites. Rien ne prouve que l’homme soit plus important qu’un papillon ou qu’une vache. Je considère le fait d’être devenu végétarien comme la plus grande réussite de ma vie. Je ne prétends pas sauver beaucoup d’animaux de l’abattoir, mais mon refus de manger de la viande est une protestation contre la cruauté… Personnellement, je ne crois pas qu'il puisse y avoir de paix dans ce monde tant que les animaux seront traités comme ils le sont aujourd’hui. » — Isaac Bashevis Singer, The Letter Writer.

Conseil de lecture : Isaac Bashevis Singer « The Slaughterer », The Séance (1968). Histoire d’un shoychet (abatteur rituel) du shtetl à la conscience torturée par les cris des bêtes qu’il a mises à mort.

Invitation à l’humilité





Tosefta Sanhedrin 8 : 4

L’homme a été créé en dernier : et pourquoi l’homme a-t-il été créé en dernier ? Afin que les dissidents ne puissent pas dire qu’il était le partenaire de [Dieu] dans la création. Autre explication : pour qu’il n’ait pas une trop haute opinion de lui-même, on lui dit : même le moucheron t’a précédé dans la création.

Une approche contemporaine : article de Docteur Bruno Fiszon, Grand Rabbin de Metz et de la Moselle


Régime carné et respect de l’animal

La possibilité de manger de la viande n’autorise pas l’homme à disposer sans aucune limite des créatures du monde vivant.

Il a tout d’abord l’obligation de préserver le monde dans lequel il évolue. « L’Eternel plaça l’homme dans le jardin d’Eden pour le travailler et le garder » (Genèse II, 15, Pentateuque 1978) Il ne doit pas détruire l’oeuvre de la création ! Une loi juive très particulière illustre cette « volonté écologique du Texte biblique ».

Un homme rencontre en chemin un nid d’oiseaux. Une femelle veille sur ses œufs ou ses oisillons, et elle appartient à une espèce permise à la consommation. L’homme pourra se saisir des œufs et des oisillons à condition de renvoyer la mère, permettant ainsi à l’espèce de se perpétuer ! (Halévy A. 1240)

Parmi les règles de comportement vis-à-vis des animaux, le judaïsme prône l’exclusion de toute cruauté.

Ainsi s’exprime le Texte biblique. « Toutefois la chair, tant que son sang maintient sa vie, vous n’en mangerez pas » (Genèse IX, 4 Pentateuque 1978). Pour le Rabbi Salomon fils d’Isaac de Troyes (Rachi, 1040-1105), la consommation d’un membre d’un animal encore vivant est illicite et relève d’une grande cruauté. Cette prescription fut ordonnée à Noé au lendemain du déluge et s’adresse donc à l’ensemble de l’humanité.

Il existe une forme élevée de compassion pour l’animal et une prise en considération de sa souffrance dans le judaïsme. De nombreuses lois interdisent cette souffrance, appelée par le terme hébraïque Tsaar Baalé Hayim. Pour le Rabbi Moché Isserless (1520-1573, Cracovie). La mise à mort d’un animal ne serait permise que dans le cas de sa consommation et ou de son utilité au niveau médical (Weill E. Choulhan Arouh 1975).

Ainsi chasse ou tauromachie n’ont pas leur place dans l’univers d’un juif pratiquant. Quelques autres lois illustrent cette pensée (liste non exhaustive).

« Il est interdit à un homme de manger toute nourriture avant d’avoir nourri ses animaux ; dit le Talmud de Babylone (Traité Berahot 40a).

Le Chabbath, jour de repos, s’impose aussi aux animaux « Tu ne feras aucun travail, toi, ton fils, ta fille, ton bétail… » (Exode XX, 10, (Pentateuque 1978).

« Un homme doit connaître l’âme animale » (Proverbes XII, 10).

Le Rabbin Eliya de Vilna explique : il ne doit pas le nourrir plus que de mesure ni lui imposer un labeur au-delà de ses forces (Eliya de Vilna, 1770).



Annexe : extrait d’un travail de recherche de Myriam sur les représentations de la vulnérabilité dans les nouvelles d’I. B. Singer. Il est ici question de la perception de la souffrance animale par l’auteur, dont les idées sont somme toute assez proches de celles de Peter Singer.


Singer (...) singled out animals as victims and icons of universal vulnerability, and repeatedly insisted on their harmlessness and powerlessness as well as on their sufferings at the hands of human beings (who are thus presented as their vulnerors) in many of his short stories and novels. As the author of “The Slaughterer” declared, “my whole life I felt that it is an insult to eat living creatures (...). I thought to myself, how can I speak of God’s mercy when I myself am cruel and eat the creatures I should love?”[1]. It may be noteworthy to mention that Isaac Bashevis Singer himself, like many of his protagonists, contemplated vegetarianism throughout his life and did become a strict vegetarian when he was sixty[2]. He echoed his compassion for the animal realm and his concern for the well-being of animals through various of his (male) characters, such as Arele in Shosha, Tanhum in the eponymous short story, the unnamed narrator of “The Bird” (whom we will suppose to be a persona reflecting Singer’s own ideological options) and Yoineh Meir in “The Slaughterer”. Using his protagonists as mouthpieces, Singer argued that humans (as potential vulnerors) have moral responsibilities towards animals and contended that we have no right to curtail the life of living beings with whom we share a condition of embodied vulnerability.

Indeed, Singer observed that animals, just like human beings (for, according to Singer, human beings and animals form a community based on shared suffering) struggled for life to their very last breath: as he asserts in “The Slaughterer”, “the bodies refused to know any justification or excuse – every body resisted in its own fashion, tried to escape, and seemed to argue with the Creator”[3]. Like other Singerian characters, animals are never passively vulnerable – there is self-assertion, indignation and revolt even in their powerlessness and in their victimhood. Thus, Singer operates multiple transfers between the vulnerability of animals and that of human beings in his works: Shosha, as we mentioned, is compared to a fluttering “sacrificial chicken” and to a “canary”, whereas animals are endowed with human desires (such as the desire to wreck revenge on the man who slayed them in “The Slaughterer” and the urge to praise the beauty of God’s creation in “The Bird”). Moreover, Singer, who undoubtedly had “a particular connection to birds”[4], in which he saw quintessential icons of vulnerability, once equated the condition of pigeons with that of the Jews (“Pigeons have no weapons in the fight for survival [...] they fear noise, flee the smallest dog. They don’t even chase away the sparrows that steal their food. The pigeon, like the Jew, thrives on peace, quietude and good will”[5]).

In “The Slaughterer”, there are also explicit comparisons between animals and human beings :“human beings, like beasts, had loins, veins, guts (...). One slice of the knife and those solid householders would drop like oxen. As the Talmud says, all that is meant to be burned is already good as burned”[6]. Vulnerability is always related to our condition as embodied creatures that one may effortlessly harm or kill. Singer may have argued, drawing on the Levinasian conceptualisation of vulnerability, that it is precisely because animals are entirely open to harm and helpless (and yet determined to live) that we have an obligation not to kill them. This notion of embodiment as the condition and the source of vulnerability is linked to the realisation that man, no less than animals, is but a “piece of putrid flesh”[7] (another of Singer’s recurrent Biblical topoi[8]) striving to survive and yet doomed to die. In this regard, the condition of mankind and that of animals are inextricably intertwined.

Moreover, Yoineh Meir’s mentioning how easy it would be to slay any of the Jews of Kolomir (and especially the textual reference to destruction by fire: “all that is meant to be burned is already good as burned”[9]) may be construed as a masked reference to the horrors of the Holocaust, through which the vulnerability of the Jews (conceived as an openness to harm and, consequently, as the expression of an inability to defend oneself against one’s aggressor) found a tragic actualisation. According to his biographer J. Hadda, Singer’s belated commitment to the vegetarian ethic and his traumatic experience of the Shoah (understood as a negation of the value of life) were certainly linked, so that he interpolated the trauma of loss that followed from the Second World War in his perception of animal suffering.

It is unlikely that the decision stemmed from lifelong feelings of compassion for animals (...). Most likely, his determination not to eat flesh was connected to post-Holocaust feelings of revulsion against human cruelty, misuse of power, and disregard for life.[10]

As a consequence, we may assume that, according to Singer, eating living beings meant condoning the killing of innocents. His vegetarianism (and that of many of his characters), as he himself admitted[11], stemmed from the fact that “he would not emulate those who had murdered his people”[12].


 

Notes

[1] Isaac Bashevis Singer, quoted by Chaim Suler; “In der yidisher prese” in Morgn-frayhayt (September 22 1966) p. 3.


[2] Janet Hadda, op. cit. p. 142.


[3] I. B. Singer, “The Slaughterer” in op. cit. p. 548.


[4] Janet Hadda, op. ccit. p 143.


[5] Isaac Bashevis Singer, A Friend of Kafka, p.121 (Farrar, Straus and Giroux, 1970, NY).


[6] I. B. Singer, “The Slaughterer” in op. cit. p. 549.


[7] Loc. cit.


[8] We may quote, among other examples, “All flesh is grass, and all its loveliness is like the flower of the field” (Isaiah 40:6).


[9] “The Slaughterer”, loc. cit.


[10] Janet Hadda, op. cit. p. 142.


[11] Steven Rosen (preface written by Isac Bashevis Singer), Food for the Spirit: Vegetarianism and the World Religions (Bala Books, 1987, Johannesburg).


[12] Janet Hadda, ibid. p. 153.

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