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Un Pessah différent : idées pour un Seder en solitaire

Mis à jour : 5 avr. 2020


Collaboration: Marc Fein, Temim Fruchter, Jael Goldstein, Adina Gerver, Talya Housman, Rabbi Louis Polisson, Rabbanit Dasi Fruchter, Stephanie Hoffman, Hadassah Wendl, Rachel Woolf


Traduit de l'anglais par Noémie C.


Introduction


Cette année, Pessah sera un défi exceptionnel pour tout le monde. C’est une période différente, dans des circonstances très différentes. Ce document permet en quelque sorte de créer sa propre aventure pour ceux qui feront le Seder tous seuls. Certaines de ces suggestions marchent aussi très bien pour un Seder en tout petit comité.

Il est très important de se rappeler que chacun d’entre nous gérera Pessah d’une façon différente cette année. Gardez en tête que votre seder pourra prendre plusieurs formes très variées – de la forme la plus minimaliste à des formes plus élaborées – et que toutes ces formes sont acceptables.


Dans cet esprit, quelques éléments à garder en tête pendant cette lecture :


· Cette année, le Seder qui vous convient se résumera peut-être à de la matza avec du cream cheese, un bon livre, et bien dormir. Peut-être que c’est tout ce que vous pourrez faire, et c’est très bien. Vous n’êtes certainement pas le seul. Allez voir la liste de livres plus bas si vous cherchez de idées de choses à lire.


· Voici quelques idées pour animer votre Seder en solitaire. Mais gardez bien en tête que ce n’est pas une tentative de recréer votre Seder habituel. Cette année sera forcément différente. Ce qui suit est simplement une boîte à idées où vous pouvez piocher pour animer ou améliorer votre expérience personnelle du Seder cette année comme vous le souhaitez. Laissez cette année être différente, peu importe comment.


· Beaucoup d’entre nous déplorent sans doute ce qu’ils n’auront pas cette année, et c’est évidemment bien naturel. Mais une manière de regarder le Seder de cette année, en particulier, est de se demander : qu’est-ce qui devient possible avec ce type de Seder ? Vous avez peut-être envie de porter votre pyjama le plus confortable, ou de chanter à tue-tête dans la cuisine, ce que vous ne pourriez pas faire dans un Seder communautaire. Il y aura certainement quelque chose en moins dans le Seder cette année, mais peut-être que cela laissera de la place pour quelque chose de plus personnel.


Donc, si cela peut vous aider, ce document peut vous accompagner dans la préparation de votre Seder cette année. Il contient des idées pour un encadrement spirituel peut-être plus essentiel cette année, quelques ressources logistiques pour se préparer au mieux, et tout un menu d’idées pour un mini-Seder, seul ou en petit comité. (A noter : ce document ne propose pas d’idées s’appuyant sur des plateformes digitales, mais n’hésitez pas à vous en servir pour améliorer votre Seder sur Zoom).


Un Seder tout seul ? Oh non !


Oui, nous sommes bien d’accord. Nous avons envie d’être entourés de nos amis, de notre famille, de chants et de superbes repas de fêtes.


Mais les Seders en solitaire se sont déjà vus. Si vous passez le Seder tout seul cette année, souvenez-vous qu’on en trouve de nombreux exemples dans l’histoire, et que vous faites partie d’une longue lignée de gens qui trouvent tous seuls du sens à Pessah.

L’histoire de l’Exode inclut de nombreux moments, depuis les passages étroits jusqu’à la grande rédemption. L’histoire de Yetsiat Mitsraïm (la sortie d’Egypte) incarne toutes les parties de ce processus, et nos Seders sont censés être des canaux intemporels pour raconter cette histoire. Le Talmud (Pessahim 116a) dit que s’il n’y a pas d’enfants pour poser des questions, la personne utilise le « Ma Nichtana » (les 4 questions) pour se les poser à elle-même, puisque dans le Seder il doit y avoir che’ela outechouva (des questions et des réponses). Maïmonide l’a codifié dans la loi, en notant que si une personne est seule, elle se pose à elle-même les questions. Le Kimcha Diavishna (R. Yohanan ben Yosef Treves, 16e siècle, Italie) a composé un guide du Seder. Il s’inquiétait de la façon dont sa communauté conduirait le Seder, beaucoup d’entre eux étant des exilés de l’Inquisition espagnole. Beaucoup d’exilés d’Espagne et d’autres lieux de persécution appartenaient à des familles qui s’étaient retrouvées séparées. Au début de Maguid (la partie narration du Seder), il dit que selon la plupart des gens, le mot « maguid » vient du verset והגדת לבנך (tu raconteras à tes enfants). Cette explication ne parlerait pas à des personnes seules. Il offre une interprétation différente du mot « Maguid ». Selon lui, le mot « Maguid » ne vient pas de « tu raconteras à tes enfants », mais de « Aggadah », les anecdotes spirituelles dans le Talmud. Autrement dit, Maguid signifie s’inspirer et apprendre des leçons. De plus, dans ses instructions avant Ma Nichtana, il dit clairement que Ma Nichtana a en fait été institué pour quelqu’un qui n’a pas d’enfants ! Cela signifie que Ma Nishtana est une formule pour aider à se poser des questions lorsqu’on est tout seul pour le seder. Pour aider à lui donner du sens. (Après tout, ce n’est pas juste un moment mignon entre parents ou grands-parents et enfants). C’est parti. Avant Yom Tov Préparer la maison et la table : ce document ne contient pas énormément de conseils halakhiques ou logistiques, mais on peut trouver des ressources pour ceux qui veulent préparer leur maison pour la fête selon la loi juive. Voir plus bas la section « Liens et ressources supplémentaires ». Compte à rebours : puisque nous nous trouvons limités dans notre capacité à vraiment être ensemble pour le seder, une façon possible d’approfondir cette expérience est de compter de manière rituelle les jours jusqu’au moment du seder avec vos amis, votre famille, ou vos proches. Transformez chaque jour menant au seder en une occasion de faire le point sur un des aspects de la préparation. Partager des rituels à distance : quels sont les rituels les plus importants pour vous ? Est-il possible de les inclure dans votre préparation de la fête ? Faites un appel vidéo avant le premier soir du seder pour que tout le monde partage les rituels de famille/des amis et se les rappelle ensemble. Choisissez certaines choses que tout le monde essayera de faire en même temps pendant le seder, même à des endroits différents. (Par exemple, décidez que tout le monde chantera dayénou « ensemble » avec des voix rigolotes à 22h30). Cuisinez « ensemble » : inutile de faire quelque chose de très élaboré, mais si vous avez envie de cuisiner quelque chose pour le seder, essayez de cuisiner « avec » des membres de votre famille. Vous pouvez cuisiner ensemble en appel vidéo, ou tout simplement cuisiner la même recette. Il peut s’agir d’une nouvelle recette, ou d’une recette que vous avez déjà partagée, et ce sera peut-être même l’occasion de se rappeler de bons souvenirs en commun autour de cette recette. Evidemment, tout le monde devra prendre en compte les ingrédients éventuellement limités, mais ce sera un moment de créativité collective. Appel de groupe « Pessah sameah » : Faites un appel vidéo juste avant le seder pour que tout le monde commence Pessah en entendant les voix des uns et des autres. Demandez à chaque personne une bénédiction ou un vœu à envoyer à tout le monde au moment d’entrer dans la fête. Seder par courrier : en ce moment, on peut s’envoyer des mots et des messages par courrier, et cela change agréablement du rythme digital. Avant le Seder, utilisez le courrier (avec précaution !) pour améliorer votre seder (si vous préférez, vous pouvez aussi le faire par email, puis les imprimer). Par exemple, chaque ami ou membre de la famille peut écrire un paragraphe, une pensée, ou une idée pour chacune des 15 étapes du Seder. Comme ça, pendant votre propre seder, vous pourrez lire de nouvelles notes écrites à la main de toute votre famille, à chaque étape du seder. Cela peut faire office de commentaire de famille sur la haggadah, et de « conversation » à votre table. Chaque membre de votre famille ou de votre groupe peut aussi écrire une lettre et l’envoyer à quelqu’un d’autre (en respectant les précautions !) avant le seder. Choisissez un thème pour ces lettres. Chaque lettre peut être une réflexion personnelle sur l’année passée, ou sur les occasions de créer les conditions de libération pour l’année à venir. Elle peut raconter un ancien seder, avec 3 vœux pour le seder de cette année. Elle peut être un message personnel pour un ami ou un membre de la famille. Choisissez des moments de votre propre seder pour lire chacune de ces lettres. Lisez-les à voix haute, pour apporter les voix des membres de votre famille dans la pièce. Faites une haggadah collaborative ou un supplément à la haggadah : grâce à Google docs, une haggadah collaborative ou un supplément à la haggadah est tout à fait faisable ! Créez un google doc et envoyez un mail à vos proches, en demandant à tout le monde de contribuer. C’est peut-être plus pratique si si chacun a une page, ou si chacun est responsable d’une section. Chaque personne peut imprimer le document avant la fête, et s’en servir à son propre seder. Etude de groupe pré-seder : choisissez un soir, ou quelques soirs précédant le seder, où la famille/le groupe d’amis se réunira sur Zoom et choisissez quelques éléments du seder à étudier directement dans le texte. Plutôt que de déterminer à l’avance votre approche de chacun de ces éléments lors du seder, approchez-lez avec l’esprit de la h’avrouta : confrontez les éléments entre eux, et des idées de nouveaux rites peuvent même émerger. Par exemple, prenez kadech, le vin. Tout le monde a des histoires à raconter ou des idées sur son expérience du kadech. Tout le monde peut regarder ensemble la bénédiction, ou cette partie de la haggadah, et discuter, en groupe, d’un rite possible de kadesh cette année, même avec tout le monde dans des endroits différents. Voici une ressource en ligne pour trouver de nouvelles haggadot, ou créer la vôtre ! Salon pré-seder : Invitez un groupe d’amis ou de membres de votre famille à se réunir pour un salon pré-seder virtuel/en ligne : un espace où chacun peut partager des éléments créatifs inspirés par ou liés au seder. Dites à tout le monde de trouver une chanson, une histoire, un poème, une méditation, une danse, un mouvement, quelque chose qu’ils puissent apprendre et partager en ligne avant les seders séparés. Faites un appel Zoom où chaque personne prend quelques minutes pour présenter sa chanson/sa dance/son poème etc., et pour l’apprendre aux autres, ou tout simplement en discuter. Ensuite, chacun peut l’intégrer dans son propre seder. Au Seder : en général Prenez votre temps : Divisez le Seder entre ses différentes parties, et mettez les activités/lettres (faites par vous ou par les autres, comme on l’a dit plus haut), dans des enveloppes fermées, que vous lirez uniquement en arrivant à ce moment du seder. Si vous avez des lettres ou des réflexions d’amis ou de membres de la famille, mettez-les dans des enveloppes différentes et ouvrez-les à des moments différents. « Leh’aim » sur le pas de la porte : Si vous habitez en ville ou suffisamment près de la maison voisine, décidez d’une heure avant Yom Tov pour sortir et faire leh’aim, ou faire une partie du seder en commun. Vous n’êtes pas obligés d’avoir exactement la même pratique religieuse que votre voisin. C’est le moment parfait pour se réunir en esprit, mais faites attention à bien rester à 2 mètres et sur des seuils différents, et à ne pas se rapprocher. Mettez-vous à l’aise : Vous pouvez vous mettre sur le canapé pour le moment où on se penche bizarrement sur le côté en signe de « royauté » ou de « confort ». Ou vous pouvez vous mettre sur des coussins par terre, sur un tapis de yoga, un hamac, une chaise longue ! C’est un exemple de cas où le seder en solo peut devenir plus confortable et luxueux que d’habitude. Cette année, vous ne gênerez personne ! Où dans votre maison vous sentez-vous le plus royal ? Pas de fidélité à la haggadah : Alternez entre les haggadot pendant le seder ! Embrassez le chaos. Faites-en une aventure improvisée. Empilez-les sur la table avant de commencer, asseyez-vous, et allez-y. Une idée : utilisez une haggadah différente à chaque étape. Afikomane : idées solo : Notre préférée, c’est de la cacher pendant que vous préparez le Seder. Vous oublierez probablement où vous l’avez mise. Qui connaît bien votre maison/appartement ? Dites-leur de la « cacher » et allez vérifier. Cachez-la et, pendant Hol Hamoed, faites une chasse aux trésors Zoom avec quelqu’un de votre famille. Prenez des boîtes, mettez l’afikomane dans une d’entre elles et laissez les autres vides ou bien mettez des bonbons ou des gâteaux dedans. Cachez ces boîtes dans votre appartement. Comme ça, ce sera plus amusant de chercher l’afikomane, puisque vous ne saurez pas quand exactement vous la trouverez. Qu’est-ce que je mange ? Cette année, soyez flexible sur la partie repas du seder. Faites-vous quelque chose de bon, mais soyez indulgent envers vous-mêmes – inutile de faire quelque chose de très recherché, si vous ne voulez pas ou que vous ne pouvez pas. La loi juive autorise à cuisiner à Yom Tov, donc si vous voulez, vous pouvez vous faire des œufs brouillés et vous arrêter là. Si vous préférez cuisiner quelque chose de plus élaboré, allez-y aussi – il n’y a rien de mal à se faire un repas somptueux pour une personne, si vous en avez l’envie et l’énergie. C’est comme vous préférez. Pour plus de ressources, vous pouvez rejoindre l’atelier de cuisine en ligne de Leah Koenig. Compagnie littéraire : si manger tout seul avec juste vous et votre assiette est trop dur, essayez de trouver un livre sur le thème de la sortie d’Egypte pour vous tenir compagnie et le lire pendant le seder. Pas forcément un livre sur le thème de Pessah ! Un roman, de la non-fiction, ou un poème sur les thèmes de la libération, sur le fait de quitter « l’endroit étroit » (traduction littérale du mot hébreu « mitsrayim ») pourront faire de merveilleux compagnons pendant et après le dîner. Pour des idées précises, vous pouvez regarder (et compléter !) cette liste de lecture de Pessah. Passer le temps pendant le seder de Pessah : Le seder en solo est une chose, mais pour ceux qui observent Yom Tov, la journée peut paraître très longue. Utilisez ce temps pour aller faire une promenade (en adoptant les gestes barrières et en gardant une distance d’un mètre), dites bonjour à des amis dans la rue, ou bien prenez le soleil dans votre jardin, si vous en avez un. Allongez-vous avec un bon livre. Méditez, faites une sieste, regardez par la fenêtre, rêvassez. Si vous connaissez suffisamment l’hébreu/la liturgie, comparez différentes haggadot, en faisant attention aux différences et aux ressemblances entre les traductions, les illustrations, les commentaires, etc. Ou alors cuisinez quelque chose de bon pour Pessah – c’est Yom Tov, on a le droit de faire la cuisine ! Pour aller plus loin : activités et questions supplémentaires Carpass : Pourquoi est-il important de se souvenir de la tristesse un jour de libération ? En quoi est-ce fort de commencer la nuit du seder par les larmes de l’esclavage ? Quelles sortes de larmes existe-t-il dans votre vie ? De quoi devons-nous nous purifier ? Pourquoi ? Roh’tza : Quelle est la différence entre se laver les mains pour se préparer « à faire quelque chose » et se laver les mains pour en retirer/faire partir quelque chose ? Motsi matsa : Qu’est-ce qui nous nourrit en cette saison ? Qu’est-ce qui nous a nourrit jusque-là ? Maror – Koreh’ : De nombreuses étapes du seder s’appuient sur nos sens, et sur le fait de faire l’expérience de l’histoire du seder dans notre corps. Prenez un peu de temps pour réfléchir à ces sensations, et à la façon dont l’aspect sensoriel du seder nous permet de nous imprégner plus profondément de ce qu’est l’empathie. Les 4 enfants : En quoi chacun des 4 enfants existe-t-il en chacun de nous ? C’est une question particulièrement pertinente quand on passe le seder en solo. Lisez « Les 4 enfants et le COVID-19 » de Jordan Namerow, et utilisez-le pour avoir une conversation avec vous-même, ou pour en discuter avant le Seder ou après chabbat avec quelqu’un d’autre. Kol Dih’fin : Qui voudriez-vous inviter à votre seder cette année ? Comment pouvez-vous inviter leurs qualités à vous rejoindre au seder ? Ont-ils des histoires que vous avez envie de vous remémorer ? Vehi Sheamda : Ce texte parle de résilience, de surmonter les défis. Quels défis avez-vous surmonté dans votre vie ? Qui vous a soutenu ? Qui avez-vous soutenu ? Dayénou : Faites une liste de choses dans votre vie pour lesquelles vous êtes reconnaissant. Utilisez la structure de la liturgie : si j’avais juste ….. ça m’aurait suffi. Ma Nichtana : Vous pouvez vous mettre sur votre chaise et chanter les 4 questions comme si vous aviez à nouveau 8 ans. Quelles autres questions importantes, difficiles ou enrichissantes surgissent cette année ? Koreh’ : Les sandwiches, c’est toujours marrant. Croquez aussi bruyamment que vous voulez ! Mettez des miettes partout, personne ne vous voit ! Afikomane : Qu’est-ce que nous nous cachons à nous-même ? Qu’est-ce qui deviendrait possible si nous nous autorisions à voir la vérité ? Pourquoi est-il important de terminer le repas en « trouvant » quelque chose ? Nirtsa : Testez des défis en chantant seul. Chantez tout H’ad gadia sans reprendre votre souffle, chantez Eh’ad mi Yodea avec des gestes, chantez votre chanson préférée sur le thème de la liberté ou du bonheur. N’ayez pas peur de bouger, tapez des mains, claquez des doigts, dansez ! Liens et ressources supplémentaires · Le Guide du Pessah et du seder minimalistes, par la Rabbanit Leah Sarna : vous y trouverez de bonnes ressources pour une liste de courses de Pessah, et pour la préparation de la maison et du seder en période difficile. · Choisir sa haggadah : vous y trouverez des liens pour trouver des haggadot à ce stade.



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