Réflexions sur les rapports entre Juifs et non-Juifs dans la tradition talmudique
Traduit par Myriam Ackermann Sommer.
Texte 1 : Yevamot 61a
Les tombes des idôlatres ne communiquent pas l’impureté à une tente, comme il est dit : « et vous, Mes brebis, les brebis de Mon pâturage, [êtes] des hommes » ; on vous appelle hommes ; et on appelle pas « hommes » les idolâtres (littéralement : les adorateurs des étoiles).
Extrait 2 : Avodah Zarah 22a (première Mishna du deuxième chapitre)
On ne laisse pas d’animal dans les auberges des non-Juifs, car on les soupçonne de zoophilie. Et une femme ne restera pas seule avec eux, car on les soupçonne de débauche. Et un homme ne restera pas seul avec eux, car on les soupçonne de vouloir verser le sang. Une fille d’Israël ne doit pas remplir l’office de sage-femme pour une non-Juive, car l’enfant qu’elle met au monde sera un idolâtre. Mais une femme non-Juive peut être sage-femme pour une Juive. Une Juive ne donnera pas le sein à l’enfant d’une non-juive, mais la non-juive pourra donner le sein à l’enfant d’une Juive lorsqu’elle est chez elle.
Extrait 3 : Avodah Zarah 22b (la Gemara commente ici la Mishna qui précède)
Pour quelle raison ne devrait-on pas laisser [des animaux femelles] seuls [avec des femmes non-Juives] ? Mar Oukba bar Hama dit : parce que les idolâtres forniquent avec les femmes de leurs voisins : si d’aventure un idolâtre ne trouvait pas la femme de son voisin chez celui-ci, mais y trouvait la bête, il pourrait en faire un usage immoral. Tu pourrais aussi dire que même s’il l’y trouvait il pourrait se servir de l’animal [à des fins de débauche], comme un Sage a dit : « les idolâtres préfèrent le bétail des Israélites à leurs propres femmes », car Rabbi Yohanan a dit : « lorsque le serpent est venu à Eve il lui a infusé la concupiscence ». Mais alors [cela vaut] aussi pour Israël ? [Non, parce que] lorsque les enfants d’Israël se sont tenus au mont Sinai cette concupiscence a été éradiquée, mais celle des idôlatres, qui n’étaient pas au mont Sinaï, elle n’a pas cessé.
Annexe 1 : Shoulhan Aroukh, Orah Haim 46 :4
Toute personne qui a de la compassion pour les créatures est assurément de la descendance d’Abraham notre père, et toute personne qui n’en a pas ne saurait être de la descendance d’Abraham, notre père.
Extrait 5 : Megila 13a
Et pourquoi appelle-t-on [Mardochée] “Juif”? Parce qu’il avait renié l’idolâtrie, car tout homme qui renie l’idolâtrie est appelé Juif.
Annexe 2 : Qu’est-ce qu’un ben noah ?
Les sept lois noahides (source: Akadem)
L’obligation d’établir des institutions judiciaires
L’interdiction du blasphème du Nom divin L’interdiction de l’idolâtrie
L’interdiction du meurtre
L’interdiction de des unions interdites L’interdiction du vol L’interdiction de consommer de la viande arrachée à un animal vivant.
La liste de ces lois est énoncée dans Sanhédrin 56b, et déduite du verset : « Hachem-Eloqim donna ordre à l’homme, en disant (lémor) : De tous les arbres du jardin manger, tu mangeras » (Berechit 2, 16).
1 – « Hachem-Eloqim donna ordre à l’homme » : De la découle l’obligation d’établir des institutions judiciaires.
2 – « Hachem » : De la découle l’interdiction du blasphème du Nom divin. 3 – « Eloqim » : De là découle l’interdiction de l’idolâtrie, ainsi qu’il est écrit : « Tu n’auras point d’autres dieux devant ma face » (Chemot 20, 3). 4 – « A l’homme » : De là découle l’interdiction du meurtre, ainsi qu’il est écrit : « Qui aura versé le sang de l’homme, par l’homme son sang sera versé ; car à l’image de Dieu, il a fait l’homme » (Berechit 9, 6). 5 – « En disant » : De là découle l’interdiction des unions interdites, ainsi qu’il est écrit : « Il est dit (lémor) : Si un homme renvoie sa femme, et qu’elle le quitte et soit à un autre homme, retournera-t-il vers elle ? ce pays-là n’en sera-t-il pas entièrement souillé ? Et toi, tu t’es prostituée à beaucoup d’amants ; toutefois retourne vers moi, dit Hachem » (Jérémie 3, 1). 6 – « De tous les arbres du jardin » : du vol. Car du moment qu’il est précisé : « de tous les arbres », ainsi que : « du jardin », cela implique que ce qui n’en fait pas partie lui est interdit (Rachi). 7 – « Manger, tu mangeras : De la découle l’interdiction de consommer de la viande arrachée à un animal vivant. Tu ne mangeras que ce qui n’est pas propre à la consommation (Rachi).
« Quiconque parmi les païens accomplit les sept lois fait partie des justes parmi les nations et a sa part au monde futur » (Rambam, Hilkhoth melakhim 8, 11).
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